[AF] – Ce que disent les arbres

— Mon frère m’énerve
— La sueur, c’est dégoûtant.
— Mon cerveau me piège tout le temps.
— L’eau, c’est bon pour les arbres.
On regarde par la fenêtre, le vent fait pencher toutes les branches.
— Je m’en moque un peu, de l’auteur.
— J’ai un sac d’à peu près dix kilos, mais les sacs à roulettes sont interdits, alors, j’ai mal au dos.
Il se place devant la fenêtre.
— Il y a des voitures garées, des arbres, encore des voitures.
— Et le parc ?
— Je n’y vais jamais. Moi, je vais dans l’autre.
Il se prépare : la veste de survêtement installée comme une cape. Il ajoute des lunettes (pas les siennes) et un bonnet (pas le sien). On apprend aussi à lire l’heure.
Mais la fois suivante, plus de montre.
— La malédiction a disparu.
— Il faut détruire les immeubles, faire une zone de lancement, faire une fusée, partir directement dans un autre pays.
— Je me souviens de ma naissance. De qui était là. De ce qu’ils ont dit.
— Les cauchemars, je m’en souviens toujours.
— C’est très philosophique dès qu’on parle du temps.
— Ceux qui ont inventé tout ça sont des sadiques.
— Je veux créer mon propre monde, ma propre religion.
Sur un pull : Super flemmarde.
— C’est plus facile que le théâtre, d’apprendre des phrases et de se laisser guider par le souffle.
— C’est féérique.
— Je suis fatiguée.
— C’était avec papa cette semaine.
Sur un T-shirt : Besoin de vacances.

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[AF] – Nous étions plusieurs à venir y soigner une souffrance ancienne

Une limite se fixe, dans un premier temps, car il ne s’agit pas de se laisser emporter par quelque émotion envahissante, presque trop enthousiastes d’avoir trouvé, un matin, un terrain complètement libre d’expression. Alors, la deadline agit sur les moyens disponibles de voir une forme surgir, sans raison apparente, sans projet définitif, sans avoir à imaginer ce que serait la réalité d’un emploi à grande envergure de ce qui ne sera jamais qu’un espace partagé avec quelques-uns seulement. On regarderait notre entourage passivement, ne faisant que relayer des manifestations stériles de nos inaptitudes. La gestion au quotidien devient alors infernale, car elle ne fait que montrer en permanence ce qui ressemble à un échec. Tout devient négatif. Le désir créatif s’amenuise. Chaque objet qui se dépose dans la pensée ne fait qu’y rester pour des temps indéterminés et ne s’aperçoit plus que ce qui s’oblige à la considération présente. De cela, aucun remède n’est efficace à force d’avoir été chacun réemployé à de trop nombreuses reprises. On sort les vieux dossiers. On aimerait classer. On aimerait calmer. Le trouble se fait insistant parce que la douleur propulse dans l’inactivité. Ainsi, je me vois ouvrant la fenêtre et criant à l’inconnu. On conclura qu’il était fou. Le lendemain, on aura oublié. Le défilement continu permet cela. On ne fixe pas l’intérêt premier qui n’a d’autre objectif que de générer une réalisation de soi à travers les outils de l’invisibilité, pour mieux satisfaire ce besoin de toujours se détacher de ce qui ne ferait que déstabiliser encore quelques certitudes semblant ne faire que ponctuellement surgir pour rassurer l’esprit d’être encore dans un cadre fonctionnel alors qu’il ne fait plus que produire l’indicible. Cela se manifeste comme un jugement à l’encontre des personnes les plus proches, rencontrées à l’échelle temporelle d’une mémoire reconnaissable, mais à partir du moment où ne se prend en considération que l’effet réel sur le présent et que rien de ce qui pourrait arriver ne se suppose autrement que déjà là s’exprimant d’une manière ou d’une autre, il devient presque trop difficile de ne plus être que dans la partie la plus inaccessible de l’être. Il ne s’agirait plus alors que de feuilleter quelques pages en amont pour se laisser séduire. Or, tout ce qui a été ressenti tient à se déployer autrement. Les yeux se perdent le long des lignes. L’esprit n’a plus le temps d’accrocher le sens complet. Il capte des mots au passage. Il se programme. Et puisque ce qui adviendra se voit, là, à ce moment précis où tout n’est plus que concentration, il se produit un acte de l’impensé. Il est temps, donc, de mettre en œuvre, c’est-à-dire, d’appliquer strictement ce qui vient de s’envisager dans l’immédiat. L’évidence s’y décèle plus aisément.

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[AF] – Nous fixons nos émotions sur un avenir devenu de plus en plus abstrait

Il est vrai que le format fait beaucoup. Il dicte. Ou, du moins, il a dicté tant que nous n’avions pas conscience qu’il dictait. Cette dimension-là nous échappera toujours. C’est avant tout une attitude que l’on adopte avec soi-même. Si nous nous arrêtions aux effets de réel, nous dirions simplement qu’une insomnie nous a saisis. C’était l’angoisse encore. Quelque focalisation concernant quelque sujet. Mais maintenant, nous le percevons autrement. Ce qui écrit en nous nous a réveillés. Pour vivre ces moments que nous n’avions d’abord pas pensés. Nous nous étions dit que tout serait là quand nous nous lèverions, alors qu’il nous fallait encore passer devant cette seule fenêtre éclairée, elle, sur ce qu’est la folie, comment elle s’organise pour s’adapter au monde, jusqu’à ce qu’il soit temps de s’y intégrer à nouveau, voyant la lenteur avec laquelle le ciel change de couleur, pour dire l’éveil, l’attente nécessaire, ces quelques heures qui seraient passées inaperçues, durant lesquelles, même s’il semble minime, un choix s’est mieux formulé. Il fallait chaque fois nous réadapter à une identité nouvelle, telle que nous l’avions admirée, se présentant dans la douceur de l’unité. Une fausse justification s’était comme immiscée. Et déjà, c’était le manque de ce que nous avions décidé de ne pas faire, ou plutôt, de ne plus faire. Un nouvel abandon. Le deuil de parfums d’automne. Ce nouveau calendrier sur lequel nous nous étions fixés. Intégrant sur une même échelle les erreurs du passé et l’établissement d’une meilleure gestion de l’avenir. Il ne fallait pas se leurrer avec tout cela. Ce n’était pas un détail anodin. Nous l’avions senti s’installer peu à peu, par quelques signes évidents. Les mêmes gestes répétés. La recréation, dans l’espace fictionnel, l’imaginaire, de l’étendue du mystère, de la manière qu’elle avait de distendre l’énergie, puisque nous y étions, puisque la période était celle que nous attendions, ne nous supposant plus comme un appareil doté d’une fonction marche-arrêt, qu’on aurait programmé à une heure précise, pour que notre conscience soit certaine qu’il y avait bien un avant et un après. Il n’y avait plus que des périodes. Nous les prendrions en compte uniquement si la nature nous entourant nous le signifiait, et pour celle que nous traversions à ce moment, une période de grand changement encore, elle l’avait fait. Nous étions en train de mieux établir ce qu’était l’économie, une notion à laquelle nous n’avions pas attaché assez d’importance, de sorte que toute proximité d’un chiffre devenait pétrifiante. Cela ne nous aurait pas concerné, ou plutôt, d’autres l’aurait mieux géré que nous. Et pourtant, c’est un mot, presque comme les autres. Il a ses multiples sens. Peut être employé autant que les autres. Il n’y a plus de raison d’en déléguer la formulation, autant que tous les mots dont nous nous sommes ressaisis, avec, parmi eux, le mot « direction ». Oui, grâce à l’autogestion qui fut immédiatement effective. Elle n’a pas révélé une liberté soudaine, comme si nous étions sortis d’une longue réclusion. Elle nous a fait évaluer autrement les éléments dont nous étions réellement dépendants. Les autres n’étaient que limites que nous nous infligions pour ne pas avoir à assumer notre part de responsabilité dans la non réalisation de notre idéal toujours en formation. Nous accusions tous azimuts. Jusqu’à la pluie qui s’abattait sur nous un jour de congé alors que nous avions décidé d’aller nous promener. Alors, bien sûr, cela ne nous rend pas moins dépendants de la pluie, mais comme elle est des lois dont nous ne pouvons rien, nous l’accueillons comme elle est, et il en est de même pour le reste. La loi, le cadre, les fonctions, où se trouvent notre rôle et notre puissance d’action. Et lorsque nous prenons en charge notre société interne, nous n’accusons plus, nous faisons, nous appliquons, nos principes, nos théories. Avec quelques débordements parfois. Ce n’est pas grand chose. Ça n’a pas beaucoup de conséquences. Nous sommes sur une gestion continue. Il n’y a pas de réelles heures de bureau, pas un moment où l’on se dirait « la journée est finie, je peux passer au sport ou à la télévision ». Nous fixons nos émotions sur un avenir devenu de plus en plus abstrait. C’est peut-être la plus grande des difficultés, mais elle vaut largement la peine d’être vécue tellement tout ce qu’elle réalise nous ravit.

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[AF] – L’enfance victorieuse

On ne pouvait deviner ces drôles de réunions que nous entendions s’organiser dans l’appartement d’à côté qu’aux horaires un peu stricts auxquels des grappes de personnes légères entraient ou sortaient et se retrouvaient attroupées dans la cage d’escalier ou bloquant l’ascenseur. On ne se serait peut-être jamais inquiété de quoi que ce soit si un voisin n’avait pas été, un jour, été obligé par on ne sait quels travaux sur le réseau câblé, de passer toute une soirée à regarder l’écran noir de sa télévision en tripotant son téléphone portable sur twitter pour tout de même suivre en direct la finale d’on ne sait pas quoi non plus et qui, d’abord, s’était pour la première fois aperçu, alors qu’il vivait là depuis de nombreuses années, que les murs de son appartement étaient de vrais papiers à cigarette à travers lesquels on pouvait deviner, si on s’y intéressait un tant soit peu, chaque mouvement, le moment où une mère criait À table au reste de la famille, les claquements d’une porte, les musiques préférées d’un adolescent en phase d’émancipation, et donc, ce soir-là, les vives discussions d’un groupe d’amis.

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[AF] – La plaie de notre lien social est en voie d’être pansée

Raconter comment l’abondance fait irruption serait à nouveau rester dans un mode de focalisation que j’ai tenté toute ma vie de transformer un peu, non pas qu’il ne produisait plus rien, mais parce qu’il semblait que ces récits avaient déjà été à de nombreuses reprises relatés. Un effort a été réalisé pour imaginer de tout cela une sorte d’origine et un fil conducteur. Cela n’est pas fait pour perdre, mais pour justifier, et ce n’a de conséquences que sur une réalité propre. Il y a des sujets sur lesquels il n’y aura jamais aucun mensonge. C’est l’honnêteté de dire qui est en jeu. De cela découle l’honnêteté de faire. Au moment où se pose encore la question d’un plus bel environnement global, le choix se détermine au niveau de la conviction intime. C’est un tout opérant. Il n’y aura de trace de cela que la manière avec laquelle la globalité s’est pensée et comme, au fur et à mesure, elle s’est construite. Cela n’appartient à personne d’autre qu’à vous.

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[AF] – C’est un spectacle rare

Un signal d’alarme quelque part dans un bureau. Et c’est reparti. Le document se met à jour sous nos yeux. Chef ! Chef ! Le contact vient de reprendre son activité. Très bien. Enregistrez tout. Oui, chef ! Mais restez un peu, tout de même, vous tombez bien, car ce qui est intéressant, ce n’est pas de lire après, c’est de voir naître le texte, voyez-vous, comme on serait devant la télé, inactifs, on nous balance des images, à une certaine heure, on croit avoir fait un choix, mais en fait, on ne fait qu’absorber comme on mangerait de la bouffe avariée sans s’en rendre compte. Et puis, tout à coup, la parole devient différente. On se dit, c’est comme un livre ouvert en train de s’écrire sous nos yeux. Quelqu’un est conscient de cela et nous le signifie. C’est lui qui nous observe. Il sait qu’en ce moment, vous vous penchez sur mon épaule pour faire semblant de vous intéresser à ce que je viens de dire, et au début, vous n’y croyez pas vraiment. Vous pensez que je fabule. Puis vous me demandez de vous céder ma place. Et vous ne faites plus que lire. Vous êtes comme capturés. Vous vous tournez vers moi et vous posez quelques questions. Vous voulez savoir depuis combien de temps tout cela est en mode de fonctionnement. S’il est possible que ce soit un robot qui écrive. Et je réponds. Chef. Un robot ne corrige pas. Il est convaincu, enfin… il est programmé pour soi-disant ne pas se tromper, mais voyez-vous, de temps en temps, il y a des hésitations, et l’écriture est irrégulière. Les fautes les plus classiques (comme les coquilles de frappe, par exemple), sont corrigées au fur et à mesure. Et puis, il y a comme des silences, des temps d’arrêt pendant lesquels on peut tout s’imaginer. Vous êtes déjà un peu plus curieux. Vous me demandez si j’ai fait quelques hypothèses concernant ces fameuses pauses. Et je vous dis que là, il faut juste transposer. S’imaginer comme à la place de celui qui produit. S’il est chez lui, un coup de téléphone, une faim soudaine, un besoin de consulter une définition, la fatigue qui tiraille. Et quand c’est plusieurs jours. Un voyage, des préoccupations liées à son travail, la mort d’un proche. Plusieurs mois. Je ne sais pas. J’ai été posté là pour ne rien rater. Il n’y a jamais d’explication. J’ai même l’impression que parfois, il revient juste pour me parler. Il. Oui, il. De cela, je suis maintenant convaincu. C’est un homme. Ou quelqu’un qui écrit en se faisant passer pour un homme. Ils pourraient être plusieurs. En effet. Ils pourraient se relayer. Créer ensemble un espace fictionnel. La seule certitude, là, tout de suite, c’est que ce n’est pas vous. Pas vous, directement. Vous êtes là et vous lisez, comme moi. Comme moi, vous découvrez. J’ai fait cette même analyse plusieurs fois avec des personnes qui étaient présentes à ce moment-là. Ce n’est pas rare, donc j’ai déjà une sorte de liste assez conséquente. Ah ! Vous voyez, là ! Il vient de corriger. Un robot ne ferait pas ça. Mais… mais… de toutes ces observations… vous devez avoir quelques indices sur son identité. Pas vraiment. Au fur et à mesure, cela me révèle plus sur ce que je suis, moi. Sur ce que je fais, aussi. Sur le fait que je sois la personne qui consulte. C’est une place très particulière. Je commence à sentir quand des phases de forte activité se mettent en mouvement, mais je ne sais jamais pourquoi ça s’arrête d’un seul coup. Plus rien. Alors, ça me manque. Je m’inquiète aussi. J’ai l’impression que ça ne reviendra jamais. Donc, si je comprends bien tout ce que vous me dites, si je reste avec vous, il devrait finir par nous parler à nous. Oui. Essayons.

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[AF] – Une fête s’organise quelque part

Le transgressif est une petite ligne de démarcation que l’on s’offre, où quelques mots échangés suffisent, imaginant qu’un lien se forme à ce moment-là, préféré à ce qui relèverait du calcul, d’une soumission que l’on imposerait à un être qu’avant tout nous aimons. La pensée est différente, sans calcul, car il s’agit de se laisser conduire, d’abord dans un cadre prédéfini, puis il y a toujours cet après, où la sensibilité n’a plus rien de prévu, à part, peut-être, une vague idée de ce que pourrait être une fin. De toute façon, il y en aura une, aujourd’hui, comme les autres fois, dictée parfois par des éléments simples de la vie quotidienne. Il suffirait d’un rendez-vous, de n’avoir plus le temps, ou que les chemins se séparent, de fait, parce que la destination est atteinte. Cependant, il s’est créé un évènement particulier, unique. Nous serions si peu à pouvoir l’évoquer qu’il faudrait à nouveau se réunir, et provoquer le souvenir de ces quelques minutes. Après tout, ce n’était pas grand chose sur l’échelle de toutes les vies, et pourtant, une loi s’est établie, dans l’oralité. C’est elle qui mobilise une pulsion particulière, d’avoir envie de la faire durer, comme un bilan de journée, mais nous sommes si peu attachés à la véridiction qu’il ne sera pas utile de chercher dans l’entourage ce qui pourrait avoir mené à de telles conclusions. Un souvenir très ancien pourrait l’avoir déclenché. Un désir, aussi. Ce qui compte, c’est qu’il continue d’exister sous cette forme, qu’en soi, nous n’ayons pas envie de nous en dessaisir. C’était si beau. C’est là la sève d’un roman tout entier. Tout ce qui se construit en amont. Tout ce que cela aura comme conséquences des jours durant. Pour une seule phrase à laquelle aura répondu un regard.

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[AF] – Tout se serait passé différemment si nous en avions parlé en amont

Une fin de la réunion, ce n’est pas très compliqué, parce c’est toujours un peu pareil. Tout le monde est fatigué. Il y en a trois ou quatre qui sont partis parce qu’ils avaient soi-disant un rendez-vous. Les sujets les plus épineux sont venus en dernière partie, le temps que les langues se délient, et puis ce n’était pas prévu, on n’a plus le temps, on en parlera la prochaine fois, et le directeur s’en va, et la coordinatrice le suit, et les agents se dispersent à différentes vitesses, et certains restent sur le trottoir, fumant peut-être une cigarette, ou semblant juste attendre, comme ce que j’ai appris à faire. En fait, je l’ai toujours fait mais j’ai appris à mieux le faire. J’arrive toujours avant tout le monde pour voir ce qui se passe juste avant, puis je reste pour écouter, rencontrer, poser aussi une parole. Forcément, avec ce qui venait de se passer, on avait besoin de partager un peu. On fait tous une sorte de bilan, ou plutôt, ce que nous aimerions voir continuer s’exprime, et quelques personnes parlent plus que d’autres, peut-être à cause de la mauvaise conscience qui agit.

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[AF] – Notre mission est bientôt terminée

Les niveaux fictionnels sont ce qui génère notre fonction créatrice. Ils sont différemment déployés selon les réseaux que nous empruntons. Nous avons conçu un nouvel espace de circulation devenu véritable base arrière de nos intimes préoccupations afin d’alimenter notre système interne. Nous supposions de cela de nombreuses conséquences avec, en ligne de mire, la fin d’un dictat qui, trop longtemps, nous avait gouvernés. Il avait pour cela suffi de former une première entité fondée sur une parfaite égalité. C’étaient comme des secteurs auxquels nous allions laisser toute liberté d’agir. Nous formulons le constat que le mouvement que nous attendions s’est tout simplement inversé. De la loi du plus fort nous sommes passés à la loi du plus nombreux. Tout ce qui a été initié depuis ne nous fait qu’espérer que nous avons pris là une bonne décision. Nous nous doutions qu’il allait y avoir quelques surprises. Des paroles qu’on n’entendait plus ont ressurgi. Des thèmes, aussi, étrangement étouffés par une vision unique de ce qu’aurait été la puissance, se sont développés. Tout cela est dû aux élections qui ont vu leur principe s’adapter. Nous avons aujourd’hui un nouveau mode de fonctionnement, parfaitement opérationnel, entièrement autonome, en grande partie virtuel, car cela, il ne faudra pas l’oublier : ce qui nous importe est l’impact de la virtualité sur la réalité et vice versa. Alors, c’est de cela dont nous devons nous réjouir : la variété des formes d’actions qui se profilent sur tous les plans est en train de gagner du terrain.

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[AF] – L’heure a sonné

Pour votre première journée, nous avons un exercice extrêmement formateur. Nous l’avons testé sur des souris et ça marche à tous les coups. Double lecture de notre situation. Deux lieux d’enfermement. Comme deux asiles d’aliénés. Il suffit de décrire ce que vous avez sous les yeux.

Il faisait si beau. Le soleil toute la journée. On était presque en vacances déjà. Comme un souvenir de l’été. Comme un air qui ne quitte pas la fenêtre.

D’abord, on se dit « ah bah oui, c’est pratique ». Il n’y a plus qu’à copier et coller. Tout est disponible, et sincèrement, ça ne coûte pas grand chose. Seulement quelques euros par mois. Et les mois défilent. Et on ne fait que payer bêtement, parce qu’en fait, le format ne convient pas vraiment. C’est toujours la même chose. La machine se met à décider à notre place à partir de quand on aimerait que ça s’arrête, mais au fond de nous, on n’a pas envie que ça s’arrête. On veut que ça ne fasse que durer.

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