Voici encore que nous a été servi le discours des causes et des conséquences accusant celles et ceux que l’on voit partout sur les couvertures de magazines d’être les responsables, par les lois qu’ils promulguent, des restrictions budgétaires auxquelles on nous demande de nous soumettre. Tout cela serait aisé à admettre si nous ne nous étions pas intéressés à quelques chiffres que nous avons savamment trouvés rangés sur des lignes discrètes qu’on avait mystérieusement oublié de transcrire sur le powerpoint d’un séminaire de rentrée. Il est vrai qu’on serait proche du vertige en essayant de saisir comment de quelques centaines de milliards, nous arriverions aux quelques centaines d’euros qui concernent notre droit à prétendre évoluer tout au long d’une carrière et non, comme cela se produit actuellement, à voir chaque année notre pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil. Par contre, lorsque nous y regardons de plus près, et que nous dépassons le stade de sidération face aux milliards qu’on ne saurait compter, que nous mesurons sur une échelle de quelques centaines d’agents coûtant, de fait, de moins en moins d’argent étant donné que leur salaire est gelé depuis de nombreuses années, nous apprécions mieux les bénéfices ainsi réalisés sur notre dos, adoubés par les peurs qu’on a déposées en nous grâce à des camemberts tout rouges et des pourcentages grandiloquents. Car les dirigeants de notre belle Entreprise semblent avoir su bien faire, alors que nous quittions le terrain pour nous insurger contre une puissance qui nous dépasse, pour qu’aucune contestation ne soit exprimée là où, pourtant, le seul pouvoir en action, le seul pouvoir réel, institue un autoritarisme qu’on serait bien désolé de découvrir s’il nous était dévoilé, mais qui, grâce aux petits tours de passepasse médiatiques, reste totalement inaperçu et se développe à l’abri des regards indiscrets.