[DIRECT LIVE] – 012

Il n’avait jamais pensé à l’hôpital psychiatrique. L’endroit lui avait toujours semblé sordide. Le mot, déjà, « hôpital », avec ces drôles de construction de l’enfance, à partir de cette haute bâtisse aux apparences monstrueuses, une croix bleue géante, le parking presque aussi vaste qu’un hypermarché, avec toutes les difficultés du monde pour se garer, marcher si longtemps, les portes coulissantes, les panneaux de toutes les couleurs, des foules perdues, plusieurs grands ascenseurs qu’on emprunte toujours avec un brancardier poussant un corps, les petites chambrettes au carrelage froid, le lit démesurément haut, la petite télé suspendue au mur déversant des séries allemandes mal doublées et un store ne protégeant de rien, ni du ciel devenu inexpressif, ni de cette vue plongeante sur l’entrée des urgences. Il s’était imaginé qu’on y charcutait les corps, qu’on les endormait, qu’on les trifouillait, entièrement, y compris la tête, ouverte, pour remplacer des bouts, y placer des sondes. Des humanoïdes en sortaient rapiécés. Lui même, après avoir visité quelque malade (un membre de sa famille, sans aucun doute, ou un proche ami), après avoir malgré lui jeté un regard dans une chambre apercevant ce qui se levait d’un lit ou ce qui tentait de s’extirper d’un coin lavabo, en sortait tout chamboulé, les cauchemars hantés le maintenant éveillé quelque temps. Il s’était très certainement juré que ce n’était pas un lieu pour les enfants. Et pourtant…

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